Entretien avec Hervé Mayer

1) Pouvez-vous nous raconter en quelques mots votre parcours avant votre entrée en doctorat ?

J’ai fait une classe préparatoire B/L Lettres et Sciences Sociales à Strasbourg puis à Lakanal, intégré l’ENS Ulm, fait un master d’Etudes anglophones à la Sorbonne puis à Nanterre, passé mon agrégation d’anglais, et démarré mon doctorat en Civilisation américaine à Nanterre en tant que doctorant contractuel en septembre 2012.

2) Pouvez-vous nous expliquer votre sujet de thèse ?

Je travaille sur les représentations du mythe de la Frontière dans le cinéma américain contemporain. La conquête historique des territoires sauvages de l’Ouest américain a fondé une mythologie nationale que le cinéma a relayé dans le genre du Western. Je m’intéresse au devenir formel et idéologique de cette mythologie dans d’autres genres du cinéma américain après la disparition relative du Western depuis les années 1970. C’est une recherche en histoire culturelle qui se situe à la croisée de la Civilisation américaine et des Etudes filmiques.

3) Pourquoi avez-vous choisi de faire un doctorat à Paris Ouest ?

J’ai choisi de faire mon Master 2 à Paris Ouest pour être dirigé par Anne-Marie Paquet-Deyris du département d’Etudes anglophones. J’ai continué mon doctorat sous sa direction.

4) Comment se passe votre vie de doctorant ? Quelles conditions de travail avez-vous et comment vivez-vous votre doctorat ? Quelles sont vos relations avec votre directeur(trice) de recherche ?

Ma vie de doctorant se passe bien. J’ai la chance d’avoir un contrat doctoral jusqu’en août 2015 et d’avoir pu bénéficier d’un monitorat durant mes deux premières années de doctorat, ce qui me permet d’avoir une certaine sécurité matérielle et d’avoir beaucoup de temps pour ma thèse, tout en préparant bien la qualification grâce à mon expérience d’enseignement.

Au quotidien, je garde un rythme de travail régulier et alterne entre travail chez moi et à la bibliothèque. Mon monitorat me permet de bénéficier d’un bureau partagé au département et d’entretenir des liens réguliers avec des collègues. Je suis représentant des doctorants de mon laboratoire (CREA) et participe aux réunions. Pour autant, je ne connais que relativement peu de doctorants de mon département, et quasiment aucun en dehors.

Je suis conscient de la difficulté de trouver un poste dans l’enseignement supérieur et essaie donc de préparer le moment du recrutement de la meilleure manière possible. J’essaie donc de participer régulièrement à des conférences, de proposer des articles pour publication, de développer une présence numérique en alimentant mes profils sur academia, linkedin, doyoubuzz et twitter afin que des informations pertinentes sur mes recherches soient facilement accessibles sur Internet.

Ma directrice est très occupée et pas toujours disponible. Elle répond rapidement à mes mails et ne s’occupe que très peu du fond de mes recherches, pour lequel elle semble me faire confiance. Elle est par contre très active lorsqu’il s’agit de mettre ma recherche en avant lors de colloques ou dans des publications, ce qui est très précieux.

5) Quels outils de recherche utilisez-vous pour rédiger votre thèse ?

J’utilise des softwares et programmes tels que Zotero pour la bibliographie, VCL pour les images et extraits vidéos, Word pour la rédaction. Pour la recherche de données, j’utilise les bases de données de la bibliothèque de Paris Ouest, les fonds de la BNF, de la BiFi, de la bibliothèque François Truffaut.

6) Quelles qualités faut-il avoir selon vous pour mener à bien des travaux de recherche ? Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui souhaite devenir thésard ?

Rigueur et créativité dans la conception ; autodiscipline et persévérance dans la réalisation ; capacité à communiquer sur son travail et ouverture aux autres.

Il faut être passionné par son sujet et ne pas désespérer quand ca devient difficile. La meilleure attitude est de considérer le doctorat comme une expérience professionnelle, le début d’une carrière, qu’elle soit dans l’enseignement ou ailleurs, dans le public ou dans le privé, et non comme la poursuite d’études. C’est le meilleur moyen de préparer l’après doctorat le plus tôt possible dans de bonnes conditions.

7) Comment comptez-vous valoriser votre thèse ? Souhaitez-vous publier votre travail en open access ? Utilisez-vous des outils en libre accès comme les carnets de recherche en ligne ?

J’utilise des réseaux sociaux tels que Academia, twitter, ou doyoubuzz pour valoriser mes recherches sur Internet, et participe à des conférences et essaie de publier des articles pour diffuser ma recherche auprès de mes collègues. Je pense publier ma thèse en open access. J’ai déjà le texte de certaines de mes communications qui est disponible en ligne sur academia.

8) Comment envisagez-vous votre avenir ? A votre avis, quels sont les atouts des docteurs pour trouver un emploi et comment mieux les valoriser ?

MCF en civilisation américaine.

Outre leur expertise, les docteurs ont développé de nombreuses compétences pendant leur doctorat, que ce soit en terme de comportement (rigueur, curiosité, flexibilité, autonomie…) ou de méthode (communication écrite, orale, veille stratégique, gestion de projet…). Ces compétences peuvent être mises en avant sur le marché du travail dans de nombreux secteurs. Malheureusement, les recruteurs ont encore une mauvaise idée du doctorat et ne sont pas toujours ouverts à ce type de recrutement. La meilleure manière de valoriser ces atouts est de les exprimer dans le vocabulaire du monde de l’entreprise, afin de rendre son expérience compréhensible par les recruteurs hors académique. Encore une fois, que l’on vise un recrutement dans le public ou dans le privé, il faut conceptualiser et mener à bien son doctorat comme une expérience professionnelle si l’on veut être prêt à entrer sur le marché de l’emploi une fois le doctorat terminé.